La téléconsultation, c'est possible !

30/04/20
téléconsultation

Dans le cadre des mesures de prévention prises pour ralentir la progression de l’épidémie COVID-19, les hôpitaux développent une démarche de télé consultations.

Au sein des Hôpitaux de Chartres, cette période offre l’opportunité de repenser la pratique des consultations, en particulier pour :

  • Les spécialités médicales non interventionnelles ;
  • Les consultations de suivi post-opératoire en chirurgie, ne nécessitant pas de geste spécifique.

L’enjeu est donc de garantir aux patients un suivi régulier que requiert leur état de santé, en priorisant la téléconsultation au lieu de la consultation physique à chaque fois que cela est possible ; à l’instar de ce qui se pratique au sein du service de diabétologie-endocrinologie-nutrition.

Pourquoi  vous êtes-vous lancée dans la téléconsultation ?

 La crise sanitaire liée au Covid-19 a chamboulé notre activité habituelle notamment les consultations externes où nous prenons en charge des patients atteints de maladies chroniques (diabète, obésité) ou de pathologies assez spécifiques (problèmes endocriniens, cancers thyroïdiens, plaies de pied diabétique). Dans l’unité de Diabétologie/endocrinologie/Nutrition, mes collègues et moi-même avons très rapidement pris conscience qu’il fallait proposer un suivi à nos patients afin de leur donner des conseils vis-à-vis du COVID-19 et assurer leur suivi habituel car il s’agit de patients à risque de forme grave (diabète, obésité, hypertension).  

L’intérêt de la téléconsultation pour vous et votre spécialité ?

Travaillant à l’hôpital de Chartres depuis 14 ans, je connais bien la plupart de mes patients ce qui facilite beaucoup les choses. La diabétologie se prête à la téléconsultation : on analyse les résultats biologiques, le carnet de glycémies puis on discute de la mise en pratique des consignes alimentaires ou d’activité physique. L’examen clinique sera fait lors de la prochaine consultation.

Concrètement comment cela fonctionne-t-il ?

Nos secrétaires ont appelé les patients pour les prévenir de ne pas venir à l’hôpital et que leur rendez-vous allait se faire en téléconsultation. Dans la mesure du possible, j’appelle le patient le jour initialement prévu et lui demande s’il est d’accord et disponible pour l’entretien. Je me connecte à la plateforme sécurisée Médi consult et j’envoie par SMS ou par mail un lien au patient. Il « clique » dessus pour rejoindre la téléconsultation : mon image apparait sur son écran de téléphone, tablette ou ordinateur et je le vois en retour sur mon ordinateur. Nous échangeons comme lors d’une consultation classique. Il me montre ses résultats biologiques en retournant sa caméra. C’est beaucoup facile que de lui faire déchiffrer ses résultats. Évidemment, je ne peux pas faire d’examen clinique. Je prends des notes sur Dx care puis je fais un compte-rendu de consultation destiné au médecin traitant. J’envoie ensuite les ordonnances par courrier ou par mail.

Ce système ne marche pas toujours (les aléas de l’informatique !) ou le patient n’a parfois pas accès à internet. Dans ce cas, la consultation se fait par téléphone, ce qui est accepté par nos autorités de tutelle.

Pour quels types de patients utilise-t-elle la téléconsultation ?

 Nous avons fait de la téléconsultation pour tous les patients qui avaient un rendez-vous déjà prévu. Ce qui m’a surpris, c’est que ce ne sont pas forcément les plus jeunes qui sont le plus à l’aise avec ce dispositif. Pour certains patients, il a fallu l’aide de leur proche pour effectuer la connexion.

Nous avons également utilisé la téléconsultation avec les infirmières libérales pour les plaies de pied des patients diabétiques : on pouvait voir le pansement « en direct » et donner des conseils. Cela nous a permis d’hospitaliser plusieurs patients pour lesquels l’évolution de la plaie était défavorable.

Aviez-vous commencé avant cette crise sanitaire ?

La télémédecine est un domaine qui m’intéresse ; elle ne comporte pas uniquement les téléconsultations (entretien entre le médecin et le patient via un ordinateur). Je réalisais avant l’épidémie, de la télésurveillance médicale (suivi à distance des patients diabétiques notamment les femmes présentant un diabète pendant leur grossesse) et à un moindre niveau de la télé-expertise (avis spécialisé donné à un confrère médecin généraliste concernant un de ses patients).

L’intérêt est sans doute multiplié depuis la pandémie ?

La CPAM étudie de près  la téléconsultation qui était déjà dans la nomenclature mais très peu utilisée. Depuis le début de la crise, les chiffres ont explosé (x10 voire x100). Je pense que la téléconsultation continuera à être utilisée ces prochains mois en raison du risque de 2ème vague mais je pense à un rythme moindre car contrairement aux idées reçues, il n’y a pas de gain de temps pour le praticien.