FÊTE DE LA SCIENCE : À LA DÉCOUVERTE DE LA RECHERCHE CLINIQUE

6/10/20
fete de la science et recherche clinique

La recherche clinique est un enjeu majeur de la santé et fait partie d’une des missions de tout établissement de santé lorsqu’on prétend à l’excellence en matière de soins. Elle est le témoin de la performance et de l’innovation des équipes qui la réalisent.

Les Hôpitaux de Chartres n’échappent pas à la règle. Depuis 2007, sous l’impulsion de médecins du centre hospitalier, l’activité de recherche clinique n’a cessé de se développer dans de nombreuses spécialités : cancérologie, neurologie, rhumatologie, anesthésie, obstétrique, gynécologie, pédiatrie, urgences, gastro-entérologie, pneumologie, oncologie, réanimation, cardiologie, néphrologie, diabétologie, urgences  …

Aussi depuis 2018, en raison du nombre croissant d’études de recherche clinique au sein de l’établissement, l’activité s’articule désormais autour de trois Unités de Recherche Clinique (URC) indépendantes et autonomes :

  • Unité fonctionnelle Multidisciplinaire Unité fonctionnelle Multidisciplinaire (Cancérologie, Hématologie , Obstétrique, Gynécologie, Pédiatrie,  Rhumatologie, Infectiologie VIH, Anesthésie…)
  •  Unité fonctionnelle Cardiologie Néphrologie-Diabétologie, Endocrinologie, Nutrition
  •  Unité fonctionnelle Pneumologie, Réanimation, Urgences, Neurologie.

Une activité méconnue

Méconnue du grand public, la recherche clinique représente pourtant un enjeu majeur de santé. En effet, c’est une étape indispensable dans le développement de nouveaux traitements et de médicaments innovants. Tous les médicaments que nous utilisons, qu’il s’agisse de traitement du quotidien ou de traitements de pointe,  ont été découverts grâce à la recherche. On peut citer les vaccins, les antibiotiques, le paracétamol,…ou encore tous les médicaments utilisés pour le traitement du cancer, des maladies cardiovasculaires, du diabète,…

Les essais cliniques très encadrés

Le but des essais cliniques est d'améliorer la prise en charge et le traitement des patients, à tous les stades de la maladie. Ils permettent d’évaluer l’efficacité et la tolérance de nouveaux traitements avant de les proposer à tous les patients concernés. Ces nouveaux traitements peuvent être de nouvelles molécules, des associations de différentes molécules, de nouvelles façons de les administrer, des nouvelles techniques de traitement (chirurgie, radiothérapie).

Les études cliniques peuvent être réalisées à l’initiative de l’industrie pharmaceutique, de groupes coopératifs, ou des établissements de santé (CHU, CH…).

Strictement encadrée par la loi, la recherche clinique ne peut se dérouler que dans des conditions bien précises.

Dans tous les cas, ces études ont obtenu une validation réglementaire, suivent des protocoles scientifiques rigoureux, et respectent, selon les principes éthiques, l’intérêt des personnes soumises à ces études.

Les recherches organisées et pratiquées sur des personnes volontaires saines ou malades, en vue du développement des connaissances biologiques ou médicales sont appelées selon la loi « Jardé » actuellement en vigueur : « Les Recherches Impliquant la Personne Humaine (RIPH) ».

Celles-ci visent à évaluer :

  • les mécanismes de fonctionnement de l’organisme humain, normal ou pathologique,
  • l’efficacité et la sécurité de la réalisation d’actes ou de l’utilisation ou de l’administration de produits dans un but de diagnostic, de traitement ou de prévention d’états pathologiques.

Elles sont divisées en 3 catégories :

  • RIPH 1 (interventionnelle, « à risque ») :

Recherches interventionnelles (qui modifient la pratique courante de façon « importante » et/ou avec des risques élevés pour les participants).

  • RIPH 2 (peu interventionnelle, « faible risque ») :

Recherches interventionnelles qui ne portent ni sur des médicaments, ni sur des dispositifs médicaux non marqués CE et qui ne comportent que les risques et contraintes minimes (selon liste établie).

  • RIPH 3 (non interventionnelles, « sans risque ») :

Recherches ou tous les actes sont pratiqués et les produits utilisés de manière habituelle sans procédure supplémentaire ou inhabituelle de diagnostic, traitement ou surveillance.

Les différentes étapes de développement clinique des médicaments :

Dans un premier temps, des  études précliniques permettent d’acquérir les premières connaissances sur le comportement d’un candidat médicament, indispensable avant les essais chez l’homme. Ensuite, les essais cliniques portant sur les médicaments sont les essais systématiques chez l’homme afin d’en vérifier les effets et/ou d’identifier tout effet indésirable et/ou d’en étudier l’efficacité et la sécurité d’emploi. Cette phase de développement correspond à 4 types d’études conduites sur l’homme :

                Essais de phase I

Ces essais sont réalisés sur des petits effectifs de volontaires non malades et ont pour but d’étudier la tolérance (capacité de l’organisme à supporter, sans effets gênants, l’administration du médicament) et le devenir dans l’organisme du médicament. Cette phase est indispensable pour justifier les doses qui seront ensuite utilisées.

                Essais de phase II

Ils sont réalisés sur un petit nombre de personne malades présentant le même type de pathologie et ont pour objectif de déterminer la dose optimale en termes d’efficacité et de tolérance du médicament.

                Essais de phase III

C'est l'essai-clé pour confirmer l'efficacité d'un traitement et justifier ensuite l'autorisation d'utilisation et le remboursement par l’Assurance maladie. Il est réalisé sur un grand nombre de volontaires malades présentant la même indication de traitement. L’objectif, à terme, est d’évaluer le rapport bénéfice/risque. S’il existe déjà un traitement de référence, ces études comparatives sont menées entre le candidat médicament et le traitement de référence. S’il n’existe pas de traitement de référence, on le compare à un traitement dit « placebo », c’est-à-dire sans principe actif. Afin d’éviter les biais, ces essais sont toujours "randomisés", ce qui signifie qu'un tirage au sort est fait entre les traitements qui sont comparés.

                Essais de phase IV

Ces essais  se déroulent après la mise sur le marché du médicament (post AMM). Après leur commercialisation, les médicaments continuent à faire l'objet d'un suivi strict à long terme afin de repérer d'éventuels effets indésirables rares non détectés durant les phases précédentes, et de préciser les conditions d'utilisation chez certaines populations de patients spécifiques.

Le centre hospitalier à la fois centre investigateur et promoteur

Les 3 unités de recherche clinique apportent donc leur soutien à tout le personnel hospitalier (médecins, infirmiers…) qui souhaite participer à (ou réaliser) un projet de recherche. Cela peut être en tant que :

  • Centre investigateur : Dans ce cas, notre centre est sollicité par d’autres établissements (CHU, CHG, société savantes, …) ou partenaires (laboratoires pharmaceutiques,…), afin de recruter et suivre des patients aux seins des essais cliniques dans le respect des protocoles et de la réglementation.

Ou bien en tant que :

  • Centre promoteur : Où nous sommes alors à l’initiative de l’étude clinique, et devons dans ce cas, assurer  la mise en œuvre de l’essai sur l’ensemble des centres participants ainsi que le suivi et la gestion globale jusqu’à la publication de ces résultats. Le promoteur doit mettre en place l’ensemble des exigences réglementaires, les moyens et l’organisation indispensable au bon déroulement de l’étude.

Plus un service est reconnu pour la qualité de ses soins, l'importance de son activité et son expérience de la Recherche Clinique, plus il sera sollicité pour participer à des essais cliniques.

En 2019, le centre hospitalier de Chartres et la Recherche Clinique, ce sont :
  • 111 études en cours,
  • 2992 inclusions,
  • 4 études en tant que promoteur (Le centre hospitalier de Chartres est à l’initiative et assume la responsabilité du lancement et de la gestion).

•          REGISTRE FRANCE PCI (registre CRAC) : Observatoire de cardiologie interventionnelle ayant pour objectif principal de recenser et suivre à 1 an, de façon exhaustive et pérenne, tous les patients ayant bénéficié d’une coronarographie et/ou angioplastie coronaire.

•          STIM YOUNG : Étude rétrospective, observationnelle, multicentrique ayant pour objectif principal de décrire l’étiologie des blocs atrio-ventriculaires de haut grade chez les sujets âgés de moins de 60 ans.

•          PTSD REA : Réduire le trouble de stress post-traumatique (PTSD) induit par une hospitalisation en réanimation grâce à un programme, élaboré sur mesure, à composantes multiples de réduction des inconforts durant l’hospitalisation en réanimation (PTSD-REA).

•          Direction scientifique : Étude ARVM Covid : « Évaluer l’efficacité d’une perfusion de 5 jours d’almitrine à (2 µg.kg-1.min-1) pour la réduction du recours à la ventilation mécanique invasive chez les patients atteints d'une défaillance respiratoire aiguë hypoxémique en raison de la pneumonie liée à la covid-19 à 7 jours. »

  • 169 publications (journaux, revues, éditorial).

 

L'exemple de l'Unité de Recherche Clinique en cardiologie, diabétologie et néphrologie

unité recherche cardio
Pourquoi une unité de recherche clinique ?

Depuis les années 2000, notre service de cardiologie participait à de nombreuses études internationales dans le domaine de la cardiologie. En 2008, nous avons décidé de créer une unité de recherche clinique pour accompagner au mieux les médecins désireux de s’impliquer davantage dans ce domaine. Il était en effet indispensable de disposer d’une organisation structurée avec un personnel dédié et compétent pour répondre aux exigences réglementaires parfois lourdes et surtout garantir la sécurité optimale des patients participants à ces différentes études cliniques.

Devant le succès de notre démarche, l’accroissement et la diversification de nos activités de recherche clinique, notre équipe a du rapidement s’étoffer. Elle est actuellement composée d’un responsable médical, d’environ 10 cardiologues investigateurs, d’un chef de projet coordinateur, de 5 infirmières de recherche clinique, de 2 attachées de recherche clinique, d’une data manager et d’une secrétaire.

Notre objectif au travers de la recherche clinique est de participer activement à l’évolution de nos spécialités, de pouvoir proposer des traitements innovants à nos patients et d’améliorer, à terme, la qualité de leurs soins.

Quelles sont les différentes activités ?

Les activités se répartissent au sein de deux domaines : l’investigation et la promotion.

L’investigation consiste à proposer aux patients de participer à des études nationales et internationales mises en place par des promoteurs institutionnels (hôpitaux, sociétés savantes, …) ou industriels (laboratoires pharmaceutiques, partenaires privés, …). Dans le cadre de cette activité, nous participons au recrutement et au suivi des patients dans le respect des protocoles et de la réglementation. Notre unité gère environ une quarantaine d’études par an.

La promotion quant à elle, consiste à être à l’initiative d’une étude, de la mettre en œuvre sur l’ensemble des centres participants, d’en assurer son développement et sa gestion globale jusqu’à la publication de ces résultats. Le promoteur doit mettre en place l’ensemble des exigences réglementaires, les moyens et l’organisation indispensable au bon déroulement de l’étude. Notre unité est actuellement promotrice de deux études multicentriques.

Parmi ces deux études, l’unité de recherche clinique assure la promotion du registre France PCI issu du registre CRAC mis en place à l’initiative du Dr Rangé. Ce registre national de cardiologie interventionnelle a pour but de recenser les activités de coronarographie et d’angioplastie coronaire afin d’améliorer la prise en charge et le pronostic de la maladie des artères du cœur (les coronaires), responsable de l’infarctus du myocarde et principale cause de mortalité dans le monde. Actuellement 30 centres français participent à ce registre et nous espérons, grâce au soutien des agences régionales de santé et du ministère de la santé, pouvoir intégrer les 200 centres français à l’horizon 2023. https://www.francepci.com

Quelles recherches sont concernées ?

Notre unité de recherche participe à différents  types d’études quel que soit leur niveau de risque : études interventionnelles à  risques majeurs (catégorie 1), à risques et contraintes minimes (catégorie 2) ou aux études observationnelles (catégorie 3). Ces différentes études peuvent être proposées à tous les patients que nous prenons en charge, qui présentent des pathologies cardio-vasculaires, endocrinologiques et métaboliques (diabètes, …) ou néphrologiques. Les études auxquelles nous participons permettent soit d’observer et d’analyser le profil ou le devenir de population spécifique de patients (études observationnelles) sans modifier leur prise en  charge habituelle ou soit d’évaluer ou comparer différentes techniques de soins, des dispositifs médicaux ou des traitements médicaux (études interventionnelles).

A ce jour, plus de 3 200 patients/an acceptent de participer aux études que nous leurs proposons (2 800 dans les études observationnelles et 400 dans les études interventionnelles).