Bonne retraite à Thierry Denfert

29/06/2021
équipe bioméd

Thierry Denfert a passé presque 40 ans de sa vie professionnelle au sein du centre hospitalier. Il a pu voir l’évolution de l’hôpital et nous livre des souvenirs de ce temps passé. Graves, sérieux, drôles et cocasses…

« En 1983, j’ai posé ma candidature à Chartres sans conviction pour postuler à un poste de responsable Electricité. Au vu de mon profil, la direction m’a contacté immédiatement car il avait un projet de service biomédical pour le nouvel hôpital. Je fus donc le premier du genre dans l’établissement. Arrivé à l’Hôtel-Dieu, j’ai fait un bond en arrière dans le temps. Beaucoup de choses étaient figées depuis bien longtemps. On attendait le nouvel hôpital pour investir », détaille d’entrée le nouveau retraité.

Et de donner quelques exemples : « Il y avait encore des sœurs qui y travaillaient. L’hôpital tournait en quasi autonomie. Ses services techniques étaient dotés de tous les corps de métiers (couvreurs, maçons, peintres, menuisiers, plombiers, etc.) Tout était réalisé en interne, idem pour le jardin qui produisait moult légumes pour alimenter les popotes. On élevait des cochons à Saint Brice ! », se souvient Thierry.

« Coté médical ce n’était pas mal non plus : salles communes de 8 lits avec 5 mètres de plafond, 3 blocs opératoires : un de chirurgie orthopédique dirigé par le docteur Durand, un de chirurgie viscérale, un de gynéco obstétrique. Les blocs disposaient de leur stérilisation attenante. Coté anesthésie, il y avait les RPR respirateur pour réanimation. C’était le début de la ventilation mécanique pour le monitorage, un pauvre scope ECG et une surveillance attentive de la couleur des paupières.  En réanimation  le Dr Picard veillait sur ses 6 lits équipés de respirateurs SF4 gros comme des buffets de cuisine. En dialyse, on venait de passer au rein à usage unique, il y a encore peu les infirmières lavaient les membranes et les remontaient pour la dialyse suivante », ajoute Thierry.

Témoignage précieux

« Coté DM il y avait peu d’usage unique. La seringue en verre rodée était toujours en service. On affutait les aiguilles sur le joint du carrelage, on désinfectait  tout ça avec un poupinel (sorte de gros four). En imagerie, on développait les films radio. Il n’y avait pas de scanner encore moins d’IRM. Il y avait encore un échographe en mode A. Les échographes Mode b (2d) commençaient à se démocratiser. L’obtention d’un examen vasculaire dynamique réalisé sur film radio était un exercice de très haut vol. En cardiologie le Dr Guyader veillait sur un service où les patients étaient scopés avec des moniteurs cathodiques à tube. On pouvait deviner la courbe de ECG plus qu’on ne pouvait la voir ! Il n’y avait ni échographe, ni coronarographie A la pharmacie les préparateurs n’étaient pas nombreux il y avait un pharmacien qui travaillait en ville et qui passait de temps en temps pour signer quelques papiers », témoigne-t-il.

« Côté informatique, pas de PC, un gros ordinateur central avec des performances moindres qu’un PC d’aujourd’hui qui était alimenté en données avec des cartes perforées … Au laboratoire, seule la biochimie commençait à bénéficier de l’automatisation. En hémato bacterio, tout se faisait manuellement. Les numérations se faisaient au microscope et le comptage était entièrement manuel », donne en exemple le jeune retraité.

« Quand nous voyons où nous en sommes, nous mesurons l’extraordinaire chemin parcouru en une quarantaine d’année », insiste Thierry.

Thierry Denfert a également participé à de nombreux projets au sein du centre hospitalier. En 1985, il a fait partie  de la cellule spéciale pour piloter l’ouverture du nouvel hôpital. « Au mois de juin 1986, en trois jours avec l’aide de l’armée, tous les patients et toutes les activités avaient basculé au Coudray ». Un projet de grande envergure pour le jeune homme de 25 ans qu’il était.

Thierry a également été moteur ou associé à de nombreux projets : la création d’un stimulateur de pression artérielle non invasive universelle pour lequel il a été lauréat d’un prix Metron pour la qualité dans le domaine biomédical ; la mise au point d’un simulateur d’investissement ; la restructuration du service d’imagerie ; la mise en place d’un des 1ers services de cardiologie interventionnelle sans chirurgie cardiaque in situ ; sa participation à la gestion des risques et de la qualité, le pilotage d’un groupe sécurité électrique pour la rénovation des installations de tête de réseau et des onduleurs ; son investissement pendant plus de 20 ans dans le domaine de la prise en charge de l’urgence vitale ce qui a permis d’ouvrir une antenne Cēsu ou encore sa participation au groupe perfusion avec, entre autre, la production d’un kit pédagogique adopté au niveau régional. Et projet qui lui a particulièrement tenu à cœur, lui-même jouant du pinceau et des crayons de couleurs à ses heures perdues, l’animation d’un groupe de peintres qui a créé un conte en tableaux pour la pédiatrie qui est devenu un livre offert  aux enfants hospitalisés pendant plusieurs années.

Une carrière bien remplie ! Bravo pour tous ces projets qu'il a eu à cœur de mener « Nous savons que nous servons une belle cause »,  a-t-il conclu avant de saluer un à un ses proches collègues lors d'une sympathique réception musicale.